Dernière journée, Lundi. J'ouvre mes rideaux et j'aperçois une scène surréaliste dans l'immeuble en restauration en face de mon hôtel. Les ouvriers font une pause petit déjeuner. Je prends mon 90 et je shoote. Il y a une lumière spéciale. J'ai l'impression d'être dans un tableau de Hopper.
La journée commence assez bien. Lumière particulière. Je vais en profiter pour prendre un peu plus de personnes. J'aime bien prendre les reflets et la lumière sur les immeubles à NY. Mais je dois passer à autre chose.
Prendre en photo les gens. Les personnages et les occasions de photos qui passent. Rester à l'affut de l'opportunité. De ce qui fait ce petit moment de hasard entre vous et la rencontre. La bonne lumière et comme disait Henri Cartier Bresson, l'instant décisif. Passer 2 minutes à cadrer un immeuble c'est bien. Rester sur le fil pour trouver des images insolites ou amusantes c'est autre chose. Il faut être en mode chasse.
J'essaye mais je ne suis pas certain que cela me convienne des masses. J'aime bien déambuler au hasard d'une rencontre mais passer mon temps à regarder à gauche et à droite si il y a quelque chose qui se produit, c'est différent. C'est un peu comme aller se balader en forêt ou aller chasser en forêt. Le lieu est identique mais la démarche est différente. Je vais me contenter de me balader en forêt avec mon fusil numérique, au cas où. Chasser c'est un sport différent de Tourister...
La fontaine de Bryant Park le matin.
Lundi matin; NY fourmille. Les New Yorkais vont au travail.
je me place à un carrefour et j'attends le moment propice pour prendre quelques photos.
Employé de bureau en costume cravate, ou bonzes en robe. Tout le monde semble impatient et en retard.
Les bouches d'évacuation de la vapeur peuvent faire des jolies effets sur les photos.
Tapis dans l'ombre, le monstre rose attends sa proie, il est prêt à bondir en rugissant et à écraser de sa force herculéenne le petit vélo tapis dans un coin qui ne sait pas que sa vie est en danger...
A cas ou vous ailliez un trou de mémoire, un matin un peu embrumé, on vous rappelle de façon occasionnelle qu'on est aux USA en plaçant 1 ou deux drapeaux tout les 3 mètres. J'ai rarement vu un pays aussi fier de son drapeau. J'en croise partout, tout le temps. Maisons de particuliers, immeubles, administrations ou hôtels.
Les deux autres rituels du matin à NY, le café. On ne peut aller au bureau sans son venti de café. On peut en acheter un peu partout.
Les livraisons. Il y a un nombre de camion de livraison hallucinant. On en croise partout. Et ils ne livrent pas qu'un seul colis.
Avant le café il faut passer par l'imprimante. Chacun son spot.
Quand on suit les cables le long de l'immeuble...
On tombe sur un métier sympa. Enfin si on n'a pas le vertige. Ces gars doivent avoir une vue imprenable sur NY toute la journée.
Je remonte jusqu'au Metropolitan. Comme ça fait 4 km. Je vais prendre un bus pour m'accélérer un peu. Mais comme il fait beau je repousse le bus de plus en plus. Je suis déjà à mi-chemin, à coté de l'AppleStore de la 5ème, en bas de Central Park.
C'est quoi déjà ce drapeau ???
A NY à pied on va plus vite que les écoliers, à NY à pied on va plus vite que les pompiers... J'adapte une chanson de Joe Dassin.
Des gars bricolent un truc sur le toit. Il y a des ouvriers et des cols blancs.
Je coupe à travers le park. Je suis à pied, j'y reste.
Il fait bon lire sur un banc au soleil.
Je croise ce type étrange. Au début on fait pas gaffe à ce qu'il a comme bric à brac avec lui. Puis le ballon attire l'oeil, enfin les ours en peluche et les jouets gonflables surprennent un peu. Je ne suis pas assez curieux, j'aurai du lui demander ce qu'il faisait avec son bazars.
2 minutes après l'avoir dépassé, je vois de l'autre côté de la rue son acolyte, suivi par une équipe de tournage. Encore un coup de Banksy ?
La bande de nounou qui va au parc ensemble; ça doit cancaner sec.
J'arrive devant l'ancienne ambassade culturelle de France. Ou un truc de ce genre. Vendu. C'est devenu une librairie. Française tout de même. Mais bon.
Certaines New Yorkaises sont comme les Parisienne. On fait passer la mode avant la météo. Il fait chaud et beau, je n'ai pas froid, il fait chaud.... J'entends d'ici son mantra.
J'arrive au MET. Un des plus grand musée au monde. Un peu comme le Louvre. Classé 3ème au rang mondial des musées avec 6,2 millions de visiteurs par an contre 9,3 au Louvre. Ce dernier fait 60.000 m2 contre 190.000 pour le MET. Cette différence de taille permet au MET d'avoir des scénographie impressionnante. Comme par exemple une reconstitution de temple égyptien, avec un bassin...
Ou une salle avec façade de maison qui se visite et contient du mobilier et des oeuvres.
Un autre truc génial. C'est le toit terrasse. Il offre non seulement une très belle vue sur Central Park et les immeubles qui longe Central Park Ouest et Central Park Sud. Mais il sert aussi de lieu d'exposition temporaire avec, tous les étés une installation différente. Cette année c'est Dan Graham qui s'y colle avec l'aide d'un paysagiste Günther Vogt. On trouve une installation en verre qui est courbe et qui permet de se voir dans les immeubles et une pelouse synthétique qui vient renforcer cette continuité avec les arbres et la végétation qui entoure. Je vais pas me lancer dans des explications hasardeuses. C'était sympa.
J'étais à deux doigts de me faire attaquer par un vieux avec déambulateur. Heureusement que je l'ai vu s'approcher sournoisement avant qu'il ne soit trop tard.
J'ai poussé le vieux dans un fouret, histoire de prendre une photo sans risque.
Je ne vais pas vous mettre les collections complètes du musée. Juste une photos. Lincoln qui s'apprête à prendre la parole. Il vient de se lever, j'entends le son de sa gorge qui racle une dernière fois.
Abraham Lincoln: The Man (Standing Lincoln) - Augustus Saint-Gaudens - (Americain, 1848–1907)
Allez, c'est fini. Retour à l'hotel. Récupération des bagages puis Aeroport et retour Paris. Fini le WE et le rêve que tout cela puisse durer. L'oisiveté et les loisirs ça a du bon quand on peut travailler. J'en ai profité pendant trois jours. C'est déjà pas donné à grand monde de pouvoir se payer une journée de congé, alors en plus à NY.
Je prends le bus. J'ai de la chance la vitre fait une espèce de filtre.
Une dernière photo des immeubles à côté de mon hotel. Après, fini pour le Leica. Rangé au fond du sac.
C'est fini pour cette année.
A bientôt.